Martin Luther et Jean-Sébastien Bach à Eisenach
Après ces quelques jours passés à Cologne chez mon ami Günter, je reprends la route. Mon étape suivante est Eisenach à 320 km de là. Je compte y rencontrer le théologien, père du protestantisme et réformateur de l'Église Martin Luther et le musicien Jean-Sébastien Bach, du moins les maisons dans lesquelles ils ont vécu.
Martin Luther (1483-1546) et Jean-Sébastien Bach (1680-1750). Ph. Wikipedia.
Sur les autoroutes allemandes qui sont pour la plupart à 3 ou 4 voies, la vitesse n'est pas limitée sauf en certains endroits tels que ponts ou courbes un peu difficiles. Les voitures puissantes me doublent à toute vitesse alors que je suis déjà à 140. J'ai vécu cela la veille avec Günter. Il m'avait demandé "Je prends la Porsche ou la BMW ?" J'avais répondu la BMW pensant que ça irait moins vite ! 190 km au compteur quand même !
Les autoroutes sont toutes gratuites mais il y a moins de services qu'en France. Il n'y a pas beaucoup de stations essence où l'on trouve tout ce dont on a besoin et je n'ai pas vu d'aires aménagées dans des zones boisées avec toilettes entretenues et tables et bancs prévus pour le pique-nique. Autre particularité allemande, le prix de l'essence varie au cours de la journée. Généralement, elle est moins chère de 4 à 6 centimes/litre en fin de journée. Bon à savoir !
La route me mène au centre de l'Allemagne, dans le land de Thuringe qui a fait partie jusqu'à la réunification en 1989 de l'Allemagne de l'Est.
La petite ville d'Eisenach que je découvre est charmante, restaurée de façon remarquable. Autant que possible, on a essayé d'effacer les dégâts de la guerre en redonnant le style typique de la région.
Vues d'Eisenach. Ph. Delahaye.
Une petite rue me mène à la maison de Martin Luther.
Ph. Delahaye.
Âgée de cinq siècles, la maison de Luther (Lutherhaus) est l'une des plus vieilles maisons à colombages de la ville et de toute la Thuringe, la partie la plus ancienne remontant à 1269. Martin Luther y sera accueilli par la famille Cotta de 1498 à 1501 pendant sa scolarité. Eisenach sera pour lui un lieu auquel il restera très attaché.
La maison de Luther. Ph. Delahaye.
La salle à colombages. Ph. Delahaye.
Ph. Delahaye.
Le 23 novembre 1944, une bombe américaine tomba sur la Place Luther (Lutherplatz) non loin de la maison. L'explosion endommagea la façade nord du bâtiment mais épargna la partie sud où se trouvaient la chambre de Luther et la salle à colombages. Rapidement remise en état après la guerre, la maison est reconnue comme site du patrimoine mondial de l'humanité depuis 1994.
La maison de Luther et son extension pour l'accueil, la librairie et des expositions temporaires. Ph. Delahaye.
Face à la maison de Luther se trouve l'église luthérienne Saint-Georges construite aux alentours de 1182. Luther y prêcha en 1521. La ville d'Eisenach deviendra réellement protestante en 1528.
L'église luthérienne Saint-Georges. Ph. Delahaye.
Outre la simplicité, on peut remarquer de part et d'autre de la nef centrale, les 3 étages permettant d'accueillir de nombreux fidèles. Ph. Delahaye.
Dans l'église, on peut voir et toucher les fonds baptismaux sur lesquels Jean-Sébastien Bach a été baptisé.
Un panneau sur le côté indique que Jean-Sébastien Bach a bien été baptisé sur ces fonds baptismaux qui datent de 1503. Ph. Delahaye.
L'église Saint-Georges donne sur la Place du marché avec son Château de style baroque dont l'aspect actuel de la façade a été réalisé en 1748. C'était la résidence des ducs de Saxe-Eisenach et plus tard une des résidences des grands-ducs de Saxe-Weimar-Eisenach. Le château accueille aujourd'hui l'office de tourisme, les archives de la ville et le Musée historique de Thuringe.
Le Château et détail de la coupole. Ph. Delahaye.
La place avec le Château et l'hôtel de ville. Ph. Delahaye
L'Hôtel de ville (Rathaus). Ph. Delahaye.
Une autre rue mène à une petite place bordée de jolie maisons.
Ph. Delahaye.
À l'extrémité de cette place qui sert malheureusement de parking se dresse la statue de Jean-Sébastien Bach.
Jean-Sébastien Bach est né à Eisenach en 1685 dans une famille de musiciens la plus prolifique de l'histoire de la musique. Sa carrière s'est entièrement déroulée en Allemagne centrale, sa région natale. Virtuose de violon, alto mais surtout de clavecin et d'orgue, son œuvre qui comprend plus de 1000 compositions a été vraiment découverte au XIXe siècle. Elle est généralement considérée comme étant "l'aboutissement et le couronnement de la tradition musicale baroque".
Jean-Sébastien Bach et la Fée Absinthe Parisienne. Ph. Delahaye.
Près de la statue : la maison de Jean-Sébastien Bach. On considère cette maison comme sa maison natale. Fils du musicien et notable Ambroise Bach, il y vécut jusqu'au décès de sa mère, en 1695.
La maison de Jean-Sébastien Bach. Ph. Delahaye.
Transformée en musée, la maison donne une bonne idée du décor de la fin du XVIIe siècle. Différents objets, portraits et manuscrits évoquent la vie du grand compositeur et de sa famille.
Ph. Delahaye.
Le musée propose toutes les heures des concerts joués sur des instruments historiques tandis que des petites salles d'écoute permettent d'entendre les voix des plus grandes chanteuses du répertoire.
Clavecin et orgue. Ph. Delahaye.
Un agrandissement de la maison a été conçu pour une écoute de la musique de Bach dans des conditions de confort moderne faisant de cette visite une fantastique expérience sensorielle.
Ph. Delahaye.
Juste en sortie de ville, sur une falaise de 200 mètres : le château de Wartburg. C'est le premier château fort allemand à avoir été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 1999.
Ph. internet
Ph. Delahaye.
Commencé en 1067, cet imposant château du Moyen-Àge n'était en fait que le cœur d'un ensemble beaucoup plus grand avec des fortifications entourant des habitations et des commerces.
Ph. Delahaye.
C'est l'un des hauts lieux de l'histoire et de la culture allemandes. Outre les souvenirs de troubadours prestigieux des cours galantes du Moyen-Âge, Élizabeth de Hongrie qui deviendra Sainte-Élizabeth y vécut de 1211 à 1228. Le château à également inspiré Wagner pour son opéra Tannhäuser.
Arrivée à l'intérieur du château. Ph. Delahaye.
Martin Luther s'y réfugia de mai 1521 à mars 1522. Il avait défié l'autorité papale en proclamant que la seule source de l'autorité chrétienne était la Bible. Refusant de se rétracter, il est excommunié en janvier 1521. Mis au ban de l'Empire, Il est accueilli au château de Wartburg où il traduira le Nouveau Testament du grec en allemand, texte qui sera publié en 1522. Cette traduction eut une énorme influence sur la littérature et la langue allemande en général par l'apport de nouveaux mots et de nouvelles tournures linguistiques.
Malheureusement, Luther adoptera vers la fin de son existence une attitude de plus en plus judéophobe. En 1543, trois ans avant sa mort, il publie contre les juifs un pamphlet d'une extrême violence qui sera condamné par tous les courants luthériens mais qui nourrira un sentiment anti-juif allemand et sera le prétexte à l'antisémitisme sous le Troisième Reich, époque où le pamphlet de Luther deviendra un livre à succès.
Promenade à l'intérieur du château de Wartburg. Ph. Delahaye.
Ph. Delahaye.
À suivre : La Gloriosa à Erfurt
Pour suivre le voyage depuis le début : La Fée Absinthe sur les pas de quelques hommes illustres.