De l’autre côté du Pont Charles, le Château
Les deux tours du pont étant franchies, je suis à présent sur la rive gauche de la Vlatava, dans le quartier de Mala Strana, au pied du château. Après avoir été ravagé par un incendie aux deux-tiers, en 1541, le quartier a été reconstruit en style Renaissance. Ses ruelles sont bordées d’hôtels, de restaurants et de pubs. Ses places et recoins aux nombreuses statues font de lui un vrai joyau baroque.
Vue du château avec dans son enceinte, la cathédrale Saint-Guy et les deux tours romanes de la Basilique Saint-Georges. Ph. Delahaye.
Chemin faisant, je découvre le trdelnik. Un serpentin de pâte briochée est enroulé autour d’un rondin de bois, roulé dans du sucre puis grillé à la braise de sorte que l’extérieur soit doré. Une fois démoulé, le trdelnik est rempli de crème, de confiture ou de chocolat. Pas facile à manger en marchant !
De loin, apparaît l’Église Saint-Nicolas avec sa coupole et son clocher qui dominent tout le quartier de Mala Strana. C'est le plus important lieu de culte de la ville, après la cathédrale Saint-Guy.
Devant l’église, la partie haute de la Place de Malostranské arbore la Colonne de la Peste. Cette colonne baroque dédiée à la Sainte Trinité, est l'une des plus belles de Prague. Elle fut érigée en 1713 en remerciement de la fin de l’épidémie de peste.
Remarquer l’immeuble en arrière plan orné de sgraffites.
Sous sa forme actuelle, l’Église Saint-Nicolas de Malá Strana date de la première moitié du XVIIIe siècle. Auparavant, il existait une église à l’époque de Venceslas, construite en 1283, et dédiée à Saint Nicolas.
On retrouve sur la façade tous les éléments de style baroque qui ont pour but d'augmenter l'effet de monumentalité, en particulier, les formes concaves alternant avec les formes convexes, la façade ornée de colonnes, d'un balcon et de statues. Dans une niche de la façade, en haut du monument, se trouve la statue de Saint-Nicolas.
L’église baroque Saint-Nicolas de Mala Strana. À ne pas confondre avec l’église hussite Saint-Nicolas de la Vieille-ville.
La réalisation de l’intérieur a duré de 1673 à 1761 et est très représentative du baroque de Bohême. Les nefs sont dominées par des fresques grandioses.
Dans le clocher de Saint-Nicolas se tenaient les gardes chargés de surveiller les incendies éventuels. Sous le régime communiste dans les années 1960, il servit de mirador à la police secrète qui surveillait les mouvements des ambassades des pays occidentaux, situées dans le quartier. Les différents instruments utilisés à l’époque sont encore visibles dans le clocher qui se visite.
La promenade n'est pas terminée. Il faut à présent monter au Château. C’est l’occasion d’admirer une fois de plus, les anciens palais ainsi que les enseignes qui témoignent de l’occupation des lieux par les artisans de l’époque.
Me voici enfin à la grille du château, flanquée de chaque côté de deux géants de pierre armés de gourdin et de poignard pour défendre les lieux.
Le Château de Prague surplombe le quartier de Mala Strana et appartient au quartier de Hradcany construit à ses portes. C'est l'un des plus grand château du monde avec le Château de Windsor en Angleterre et le Château de Versailles. Les joyaux de la couronne de Bohême y sont conservés.
Il est construit en 1380 sur ordre de Venceslas IV et sert pendant un siècle de résidence principale aux rois de Bohême successifs. À la fin du Moyen-Âge, le château est abandonné par les rois de Bohême et empereurs du Saint-Empire qui lui préfèrent un Palais royal plus moderne dans la Vieille ville à l'emplacement de l'actuelle Maison municipale.
Le château ayant échappé aux bombardements de la seconde guerre mondiale est en très bon état.
Le château se divise en trois cours, chacune renfermant des statues, fontaines et bâtiments de styles divers. Dans la première cour se trouvent les appartements du Président de la République et les espaces de réception.
La deuxième cour abrite la Chapelle Sainte-Croix construite en 1756 pour conserver les reliques réunies par Charles IV et la Salle espagnole qui expose des peintres classiques comme Le Titien ou Rubens.
La troisième cour est occupée par la fabuleuse Cathédrale Saint-Guy. L'impression est saisissante car il y a très peu de recul entre l'entrée de la cour et le monument.
Outre la crypte funéraire des rois de Bohême, la cathédrale renferme La chapelle funéraire de Saint-Venceslas, ornée de peintures murales représentant la vie du saint et contenant son tombeau. On y voit également le tombeau en argent massif de Saint-Jean Népomucène dont la statue est sur le Pont Charles.
Les vitraux ont été réalisés d'après les esquisses des peintres et graveurs tchèques les plus célèbres du moment dont Mucha.
Vitrail dû à Mucha. Art Nouveau tardif, 1931. Il représente "La légende de Cyrille et Méthode", deux frères qui évangélisèrent les peuples slaves de l'Europe centrale. Ils ont été nommés co-patrons de l'Europe avec Saint-Benoît. Ph. Delahaye.
Quand on ressort de la cathédrale et que l’on tourne sur le côté gauche dans la cour, la cathédrale apparaît alors dans toute sa splendeur avec sa Tour sud, haute de 96 mètres dont la fenêtre médiane est fermée par une grille Renaissance en or d’une extrême finesse.
À côté de la tour, la Porte d’Or est surmontée d'une mosaïque, œuvre d'artisans vénitiens, représentant Le Jugement dernier et datant du règne de Charles IV. Derrière cette mosaïque se trouve la « chambre du trésor » où sont entreposé les joyaux de la Couronne de Bohême.
En continuant, on arrive à la Place Saint-Georges qui met face à face, l’arrière de la Cathédrale Saint-Guy et la Basilique Saint-Georges.
La Basilique Saint-Georges date de l’an 925 et sert d’église principale du château jusqu’en 973. C’est une église romane surmontée de deux tours situées au niveau du chœur.
Bien plus tard, la Basilique Saint-Georges se voit ajouter une façade baroque. On y donne des concerts de musique classique. Le cloître attenant fait partie de la Galerie nationale et expose les collections d’art Renaissance et baroque.
Tout à côté, la belle salle Vladislav datée de 1486 de style gothique flamboyant avec ses voûtes ogivales à nervures entrecroisées.
Toujours dans l’enceinte du château, le long de la muraille nord, la pittoresque Ruelle d'or. Il s’agit d’une rangée de maisonnettes adossées au mur d’enceinte. Ces petites maisons qui datent du XVIe siècle servaient à loger les archers du roi. Plus tard, elles hébergèrent des artisans.
Une légende en fait le lieu de résidence des alchimistes de l’empereur Rodolphe II d’où le nom de ruelle d’or.
Il faut être très patient et rapide pour arriver à faire une photo sans personne devant. Ph. Delahaye.
Franz Kafka habita au numéro 22 de 1916 à 1927. Cette maisonnette peinte en bleu a été transformée depuis en bibliothèque. Les maisonnettes sont à présent des petites boutiques prisées des touristes.
La visite se termine par une promenade dans les jardins avec une vue sur l’ensemble de la ville depuis le belvédère.
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