Prague, Cubisme et modernisme

Publié le par Marie-Claude DELAHAYE

Après les visites classiques que l’on peut faire en l’espace de trois jours, je pars à la recherche de lieux un peu moins fréquentés par le tourisme de masse.

Comme vous l’avez vu dans mes articles précédents, Prague est un mélange de gothique, baroque et Art Nouveau. Ce que l’on sait moins c’est que Prague est également Cubiste. Le cubisme en architecture est même une spécificité tchèque caractéristique de 1911 jusqu’au milieu des années 1920 et qui ne se retrouve nulle part ailleurs. Cela s’explique par le séjour de nombreux artistes tchèques à Paris dont Mucha qui côtoya Braque et Picasso.

Le cubisme était pour les artistes tchèques une façon de rejeter l’influence de Vienne à une époque où Prague n’était qu’une province de l’empire austro-hongrois. L’Art est aussi un moyen pacifique de rébellion.

Le cubisme tchèque préfigure le style Art Déco.

 

La Maison à la Vierge noire

Au n° 34 de la rue Celetna qui mène à la Place de la Vieille ville, la Maison à la Vierge noire représente une tentative réussie de conciliation entre l’ancien et le moderne. C’est la toute première maison cubiste au monde.

À un moment, au début du XXe siècle, où Prague remplaçait ses vieux immeubles par des nouveaux, l’architecte Josef Gocar décida de mettre à profit la liberté apportée par le courant du cubisme né peu de temps auparavant en France. La Maison à la Vierge noire avec ses formes géométriques, s’intègre bien parmi les façades baroques des immeubles environnants.

 

La Maison à la Vierge noire. Ph. Prague.net.

La Maison à la Vierge noire. Ph. Prague.net.

Le premier étage de l’immeuble abrite le Grand Café Orient, le premier intérieur entièrement de style cubiste Pragois. Restauré dans les années 1990 grâce à des photos de l’époque, on peut aujourd’hui admirer cet extraordinaire café cubiste tel qu’il était lors de sa création.

Le rez-de-chaussée est entièrement consacré au phénomène du cubisme tchèque avec des expositions de qualité conçues par le musée des Arts Décoratifs.

La Maison à la Vierge noire doit son nom à une sculpture baroque représentant la Vierge, dissimulée derrière une grille dorée et installée là en 1912. En fait, il s'agit d'une copie, la statue originale étant conservée dans la Maison à la cloche en pierre sur la Place de la Vieille ville.

La statue de la Vierge noire. Ph. Prague.net.

La statue de la Vierge noire. Ph. Prague.net.

La Maison Diamant 

Construite entre 1912 et 1913 dans le quartier de Nové Mesto (Ville nouvelle), au coin des rues Spalena et Lazarska, la maison tire son nom de ses façades qui représenteraient les facettes d'un diamant.  

La Maison Diamant. Ph. Prague.net.

La Maison Diamant. Ph. Prague.net.

Statues cubistes en haut de la maison Diamant. Ph. Prague.net.

Statues cubistes en haut de la maison Diamant. Ph. Prague.net.

L’auteur de cette maison, l'architecte Émil Kralicek est également le concepteur de plusieurs autres bâtiments cubistes et du seul lampadaire cubiste au monde, fait de morceaux géométriques de béton avec un sommet qui ressemble à un diamant.

Lampadaire cubiste. Ph. Delahaye.

Lampadaire cubiste. Ph. Delahaye.

La Maison à trois entrées de Vysehrad

Édifiée en 1912-1913 sur les quais Rasínov, sous l'ancienne forteresse de Vysehrad, sa façade est dominée par un encorbellement polygonal typiquement cubiste.

La Maison à trois entrées. Ph. Prague.net.

La Maison à trois entrées. Ph. Prague.net.

Le Palais Adria
L’activité des architectes cubistes pragois va être interrompue par le début de la Première Guerre mondiale. Après la guerre, le cubisme revient sous une forme plus progressive appelée «rondocubisme», souvent associé à l'art-déco et se distinguant par la diversité des éléments ronds et en forme d'arc.

L'un des plus beaux bâtiments de cette nouvelle variété de cubisme est le Palais Adria construit sur la place Jungmann en 1923-1924. C'est l'un des derniers bâtiments cubistes de Prague.

Le Palais Adria. Ph. Delahaye.

Le Palais Adria. Ph. Delahaye.

D’autres réalisations plus contemporaines ne manquent pas d’attirer les regards comme la Maison dansanteElle est située sur la place Jirasek, à l'emplacement d'un immeuble de style néoclassique de la fin du XIXe siècle détruit par les Américains en 1945 lors du bombardement de Prague et dont les ruines ne furent finalement déblayées qu'en 1960.

La construction de la Maison dansante a commencé en 1994 pour se terminer en 1996. C’est l’œuvre commune de l’architecte tchèque Milunic et de l’américain Franck Gehry, le français Jean Nouvel, ayant décliné l’offre.

L’immeuble est composé de deux tours placées à un angle de rues, ce qui est une caractéristique du paysage urbain de Prague. Les deux tours assimilées à un couple en train de danser ont tout d’abord été baptisées par Gehry, Fred et Ginger car rappelant les célèbres danseurs Fred Astaire et Ginger Rogers. Rapidement, le nom fut changé en Maison dansante.

La Maison dansante. Fred enlaçant Ginger. Ph. Delahaye.

La Maison dansante. Fred enlaçant Ginger. Ph. Delahaye.

On remarquera l’agencement des fenêtres décalées et le dôme traditionnel avec son enchevêtrement métallique.

Les polémiques suscitées lors de la construction de cet immeuble sont à présent retombées. Certains continuent toutefois à penser que la volonté de réaliser un ouvrage symbolique du renouveau politique du pays a primé sur le respect du cachet architectural de la ville. D'autres, en revanche, apprécient le contraste qu'il offre en regard de l'esprit globalement rococo de la ville.

Sur le côté gauche, l'immeuble Art nouveau de la famille de Vaclav Havel. Ph. Delahaye.

Sur le côté gauche, l'immeuble Art nouveau de la famille de Vaclav Havel. Ph. Delahaye.

Depuis le toit-terrasse du 7ème étage, dans le dôme, la vue sur la ville et surtout sur la Vlatava est magnifique. Le ticket d'accès à la terrasse donne droit à une consommation à déguster tranquillement en admirant la vue.

La Vltava, longue de 430 kilomètres, prend sa source en Bohême du Sud, région qu'elle traverse avant de remonter vers Prague et se jeter dans l'Elbe. Ph. Delahaye.

La Vltava, longue de 430 kilomètres, prend sa source en Bohême du Sud, région qu'elle traverse avant de remonter vers Prague et se jeter dans l'Elbe. Ph. Delahaye.

Vue sur les îles. Ph. Delahaye.

Vue sur les îles. Ph. Delahaye.

L'un des 17 ponts qui permettent de franchir la Vlatava.

L'un des 17 ponts qui permettent de franchir la Vlatava.

Vue depuis la Maison dansante. Ph. Delahaye.

Vue depuis la Maison dansante. Ph. Delahaye.

En sortant de la Maison dansante, j’admire de près le bel immeuble qui lui fait face puis je me dirige vers le Quai Masaryk d’où l’on peut observer l’île Slavansky. Ce quai présente une magnifique unité architecturale, avec de superbes façades du début du XXe siècle.

Immeuble face à la Maison dansante. Ph. Delahaye.

Immeuble face à la Maison dansante. Ph. Delahaye.

La quai Masaryk. Ph. Delahaye.

La quai Masaryk. Ph. Delahaye.

À l’extrémité du quai apparaît le Théâtre national, imposant édifice de style néo-Renaissance avec sa toiture étoilée. Financé par souscription, il sera détruit par un incendie deux mois après son inauguration en août 1881. Il fut aussitôt reconstruit grâce à une nouvelle souscription due à un élan national sans pareil. Il incarne le symbole de l’identité nationale tchèque alors que le pays était toujours sous la domination des Habsbourg.

Le théâtre national. Ph. Delahaye.

Le théâtre national. Ph. Delahaye.

Face au Théâtre national, je prends le Pont de la Légion pour me rendre à l’Ile Kampa, de l’autre côté de la Vlatava. Construit entre 1898 et 1901, il tient son nom des légionnaires tchèques qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale.

Au début de son existence, un péage était perçu à son entrée, d'où les deux tours à chaque extrémité du pont.

Le Pont de la Légion long de 345 mètres. Ph. Delahaye.

Le Pont de la Légion long de 345 mètres. Ph. Delahaye.

L'île de Kampa est séparée du beau quartier de  Malá Strana par un bief aménagé au Moyen Âge pour entraîner les roues des moulins.

Vue sur l'île de Kampa et moulin sur le bief. Ph. Delahaye.
Vue sur l'île de Kampa et moulin sur le bief. Ph. Delahaye.

Vue sur l'île de Kampa et moulin sur le bief. Ph. Delahaye.

Le parc de Kampa est un endroit idyllique et calme où il fait bon se promener. On y trouve le Musée Kampan, musée d'art contemporain conçu avec les collections des époux Mladek.

Musée Kampa ouvert en 2003. Ph. Delahaye.
Musée Kampa ouvert en 2003. Ph. Delahaye.

Musée Kampa ouvert en 2003. Ph. Delahaye.

Groupe de bébés du sculpteur Cerny sur le côté du musée. Ph. Delahaye.

Groupe de bébés du sculpteur Cerny sur le côté du musée. Ph. Delahaye.

Depuis le musée et en continuant la promenade, je ne me lasse pas des jolies vues sur le pont Charles.

Le Pont Charles au départ de la Vieille ville. On reconnaît la maison à sgraffites. Ph. Delahaye.

Le Pont Charles au départ de la Vieille ville. On reconnaît la maison à sgraffites. Ph. Delahaye.

Vue sur le Pont Charles depuis la rive de l'île de Kampa. Ph. Delahaye.

Vue sur le Pont Charles depuis la rive de l'île de Kampa. Ph. Delahaye.

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