Les toupies de comptoir
Ces petits objets ludiques laissent au hasard l'obligation de payer la tournée !
Ce sont de simples morceaux de tôle découpée le plus souvent en forme de main avec l'index qui pointe celui qui doit s'acquitter de la note. Un petit ergot placé en son centre de gravité permet de faire tourner la toupie qui s'arrête après quelques rotations et désigne le malchanceux payeur.
Au-delà du jeu de comptoir, ces petites toupies faisaient un excellent support publicitaire avec leur face lithographiée au nom de différentes marques d'alcools vendues dans les bars.
La marque "Un-Pernod" a été déposée pour une absinthe en 1912 par Édouard Pernod qui vend la même année son entreprise à Hubert Bresson de Fougerolles. Coll. Durand.
La majorité des toupies de comptoir apparaissent après l'interdiction de l'absinthe, au moment du renouveau des anisés.
"Un Junod" sera fabriqué par la Maison Junod de 1921 à 1927, date à laquelle Auguste Junod cède son affaire à Hubert Bresson de Fougerolles. Coll. Roger.
Après La Bressonide, boisson similaire de l'Absinthe, apparue en 1875, Abel Bresson proposera Le Bressono à partir de 1922. Coll. Normand.
"Féli 45" de la Maison Félix Pernod rachetée dès sa création par Hubert Bresson en 1932. Coll. Durand.
Les anisés ne sont pas les seuls à être consommés au comptoir. Liqueurs, bières et même eaux minérales font également leur publicité sur les toupies.
Liqueur Izarra jaune. Il existe une variante verte. La main est dessinée sur le goulot. Coll. Durand.
Bière de Chartres. Le texte est un peu modifié. La forme de la bague est différente. Elle n'est plus au petit doigt mais à l'annulaire. Ph. Mérillac.
Deux variantes pour la bière néerlandaise Hvem Betaler. L'index pointe sous le verre de bière. Ph. Mérillac.
La publicité dépasse le cadre de la boisson proprement dite puisqu'elle fait aussi la promotion du Bal Tabarin.
Les toupies de comptoir sont relativement rares du fait de leur petite taille, 5 à 6 cm et de leur tôle fine qui se tord facilement. Leur manque de valeur intrinsèque en a fait des objets jetables.
Aujourd'hui, ces petits objets n'apparaissent plus aussi désuets. Leur fine lithographie nous rappelle cette époque où l'index montrait celui qui allait offrir aux autres un délicieux anis.